Emys orbicularis
Ordre : Testudines / Famille : Emydidae / Genre : Emys
400 – 800 g
Points d’eau calme
Carnivore : Larves, escargots
8 – 18 cm
100 jours
50 ans et +
De l’Afrique du Nord jusqu’à la mer d’Aral
La cistude d’Europe est une belle tortue à carapace ovale dont le plastron (le dessous de la carapace) est articulé flexible. Elle est munie de pattes palmées se terminant par des griffes. La coloration et la forme de la carapace changent avec l’âge.
Les juvéniles possèdent une carapace arrondie avec des écailles rugueuses de couleur brun sur le dessus et noir sur le dessous. Les écailles marginales présentent une tâche jaune. Avec l’âge les écailles sont de plus en plus lisses et présentes des tâches ou des rayures jaunes. Les pattes, la tête et la queue sont de couleur foncée et sont tacheté de jaune. La carapace mesure entre 12 et 38 cm. Il existe un dimorphisme sexuel : la femelle a l’iris de l’oeil jaune et un plastron plat alors que le mâle à l’iris orange et le plastron concave.
Ces tortues vivent en petits groupes et montrent des liens de couples. Il semble exister une hiérarchie entre les mâles. Certains individus montrent des comportements territoriaux notamment lorsque les ressources alimentaires se font rares. De nombreux comportements tels que l’extension de la tête ou les morsures permettent d’établir la hiérarchie entre les dominants et les dominés. La cistude hiberne sous la vase ou sous la boue d’octobre à mars. Principalement active le jour, elle se prélasse à la chaleur du soleil et plonge dans l’eau à la moindre alerte. Cette tortue peut rester sous l’eau quelques heures sans respirer. Si les ressources alimentaires se font rares ou que le point d’eau s’assèche, elle peut migrer vers un autre point d’eau distant de plusieurs centaines de mètres.
La cistude est carnivore durant les premières années de sa vie et devient omnivore en vieillissant. Elle consomme la plupart des petits animaux aquatiques tels que des insectes, des larves, des têtards, des grenouilles, des crustacés et même des poissons. Elle saisit la proie à l’aide de la mâchoire grâce à un mouvement latéral du cou. Une foie la proie capturé elle est déchirée à l’aide du bec et des griffes des pattes avant.
Lors de la période de reproduction, la hiérarchie entre les mâles semble être encore plus présente que le reste de l’année. La reproduction a lieu principalement d’avril à mai et la ponte de mai à juillet. Pendant cette période, les cistude d’Europe émettent des sons tels que des sifflements ou des gémissements.
La femelle choisit un sol non inondable, creuse un trou de 12 cm de profondeur à l’aide de sa queue et de ses pattes arrières. Elle y dépose entre 8 et 10 œufs blancs de 15 à 25 mm de long puis rebouche le trou. Le temps d’incubation est d’environ 100 jours. Certains petits sortent du nid tandis que d’autres naissent qu’au printemps suivant après une hibernation dans l’œuf. Les cistudes d’Europe peuvent réaliser plusieurs couvées par an.
La détermination du sexe est thermo-dépendant. Cela signifie que le sexe du futur individu est déterminé par la chaleur à laquelle l’ouef est incubé. La modification de la chaleur induit une modification des facteurs hormonaux à la base de la différenciation gonadique. Une température inférieure à 25°C entraîne la formation de gonades mâles. En revanche, une température de plus de 30°C entraîne la formation de gonades femelles. La croissance est déterminée par des facteurs écologiques (disponibilité de la nourriture ou qualité de l’habitat) et génétiques.
Les cistudes d’Europe sont matures sexuellement vers l’âge de 5 ou 6 ans et peuvent vivre plus de 50 ans.
La cistude d’Europe possède une technique de défense particulière. En effet, contrairement à la plupart des tortues, elle possède un plastron articulé. Cette particularité lui permet de se retirer dans sa carapace et de “fermer” les ouvertures. De cette manière, elle est protégée du prédateur. Cependant les juvéniles et les œufs sont la cible des hérons, des ours, des renards, des rats, des chats…
De nombreuses menaces ont impacté et impacte encore de nos jours les effectifs de la cistude d’europe. En plus de la pollution, la principale menace reste la destruction des zones humides. Les assèchements pour l’urbanisation et l’agriculture entraînent une diminution de l’espace vital et la fragmentation du territoire provoquant la baisse des effectifs de cistude d’Europe. Les pièges à poissons placés dans les cours d’eau au 19ème siècle piégeant les cistudes et entraînant leur mort par noyade ont grandement participé au déclin de la population en France, Espagne et Portugal. De plus, de nombreux prélèvements ont encore lieu malgré la protection de cette espèce.
La cistude d’Europe a également souffert de la concurrence de la tortue de Floride introduite par l’Homme dans son milieu naturel. En effet, cette tortue américaine vendue en masse dans les animaleries lors des années 80 s’est révélée très encombrante et a été relâchée en grand nombre dans le milieu naturel où elle s’est acclimatée à merveille. Cependant la cistude et la tortue de Floride possèdent la même niche écologique, c’est-à-dire qu’elles occupent les mêmes milieux de vie, qu’elles ont un cycle de vie similaire et qu’elles consomment les mêmes ressources alimentaires. Malheureusement la tortue de Floride qui est plus grande, plus lourde et plus agressive que la cistude d’Europe à pris le dessus. De plus, la tortue de Floride pond ses œufs dans un trou plus profond que la cistude, ce qui induit qu’elle déterre ceux de la cistude quand elle pond les siens.
La cistude d’Europe bénéficie d’un plan d’action national et est protégé en France et en Europe. Il existe des programmes de réintroduction pour la cistude.
Notre parc zoologique accueille une des plus grandes diversités d’espèces animales en France, provenant des 5 continents.