Crocodile du Nil

Historiquement, le crocodile du Nil était présent dans presque toute l’Afrique. De nos jours, ce reptile ne peuple plus que certaines régions du continent africain. Son milieu de vie ne se cantonne pas qu’au Nil, puisqu’on en retrouve dans les cours d’eau à faible débit tels que les fleuves et les rivières ainsi que dans les lacs, les marais et le long des côtes. Son aire de répartition géographique s’étend d’Afrique du Sud jusqu’en Egypte en passant par la bande du Sahel. Grâce à sa capacité de nage en haute mer, il a colonisé l’île de Madagascar où il est encore présent de nos jours.

Les mâles peuvent peser entre 250 et 750 kg pour une longueur de 4 à 6 mètres. Certains individus très vieux peuvent mesurer quasiment 7 mètres pour 1 200 kg. Les femelles plus petites ne pèsent qu’entre 50 à 250 kg pour une taille de 2 à 4 mètres. La partie dorsale du corps est recouverte d’épaisses écailles soutenues par des plaques osseuses servant de cuirasse de protection dont la couleur varie du noir au vert en passant par le brun. Celles de la partie ventrale sont de couleur blanche.

Ses pattes sont courtes mais permettent un déplacement rapide sur la terre ferme, jusqu’à 17 km/h. 

Les pattes avant possèdent 5 doigts, tandis que celles arrière possèdent 4 doigts palmés. Il possède une longue queue aplatie verticalement et pourvu de deux rangées de crêts qu’il utilise pour nager. C’est un reptile adapté à la vie aquatique puisque ses yeux et ses fosses nasales se trouvent sur le dessus de la tête de façon à dépasser de l’eau lorsqu’il est immergé. Cela lui permet alors de respirer et de voir les alentours. Ses yeux sont pourvus d’une troisième paupière appelée membrane nictitante. Cette paupière est transparente et se déplaçant horizontalement, de la partie nasale vers la partie temporale de l’œil. Elle permet une protection supplémentaire lorsque l’animal plonge.

Le crocodile du Nil dispose de l’une des plus puissantes mâchoires du règne animal. En effet la pression est estimée à plus de 2 000 kg/m2. Il possède 22 dents de forme conique de chaque côté de la mâchoire, en haut et en bas. La 4ème dent est la plus développée. D’ailleurs lorsqu’une dent se casse, elle repousse automatiquement, on parle d’espèce polyphyodonte.

Comme tous les reptiles, le crocodile du Nil est animal ectotherme. Cela signifie qu’il ne produit pas de chaleur et qu’il est incapable de la réguler sans aide de l’environnement extérieur. Pour se réchauffer il s’expose aux rayons du soleil et à l’inverse pour éviter la surchauffe il s’immerge dans l’eau. Ce petit manège permet alors de maintenir une température corporelle entre 19 et 29°C. Ce sont des animaux très peu actifs qui passent plus du quart de la journée la gueule ouverte à se réchauffer sur les berges.

Si les conditions estivales ne permettent plus une régulation de la température, le crocodile du Nil estive. Il creuse un tunnel de 3 mètres de longueur et de 2 mètres de profondeur dans lequel il s’enterre afin de rentrer dans un statut physiologique de semi-léthargie permettant la survie.

Même s’il ne reste généralement que quelques minutes sous l’eau, le crocodile du Nil est un excellent apnéiste qui peut rester sous l’eau sans respirer pendant 30 minutes. S’il reste complètement immobile il est même capable de rester sous l’eau pendant 2 heures ! Cela est possible grâce à une grande tolérance de l’organisme aux fortes concentrations en acides lactiques, composé chimique produit par l’organisme lors d’un effort ou d’une apnée.

Ce sont des reptiles solitaires qui peuvent néanmoins cohabiter sur les mêmes berges. Ils communiquent entre eux grâce à de nombreux sons comme les mugissements par exemple. Il existe une relation mutualiste entre le crocodile du Nil et le pluvian d’Egypte, un petit oiseau d’environ 20 cm qui possède un plumage gris sur le dos, blanc sur le ventre et noir au niveau de la tête. Cela signifie que c’est une interaction bénéfique aux deux individus mais non obligatoire. L’un comme l’autre peut se passer de cette relation. En effet, ces oiseaux picorent les restes de nourriture coincée dans la gueule de crocodile ainsi que les sangsues accrochées sur son corps. Cette relation apporte donc de la nourriture à l’oiseau et des soins au reptile. De plus, certains pluvian d’Egypte se contentent de nidifier proche des crocodiles afin de profiter de leur présence pour faire fuir de potentiels prédateurs. Ces oiseaux servent également à prévenir d’un danger comme l’approche d’un humain ou d’un lion par exemple.

Le crocodile du Nil est l’un des plus gros et des plus féroce prédateurs africains. Ce sont des super prédateurs au sommet de la hiérarchie qui n’ont pas de prédateur à l’âge adulte. Ce sont des carnivores opportunistes qui consomment une grande variété de proies. De nombreuses espèces sont au menu : des poissons, des reptiles, des oiseaux et des mammifères comme les zèbres, les gnous ou les antilopes. Les jeunes consomment de petites proies comme des amphibiens et des insectes. La technique de chasse est assez simple puisqu’il pratique l’affût. Caché dans l’eau aux abords des rives, avec seulement les yeux et les fosses nasales qui ne dépassent, il attend patiemment qu’une proie s’approche. Dès lors, il se précipite sur elle avec une vitesse incroyable, la saisit fermement à l’aide de sa puissante mâchoire afin de l’entraîner dans l’eau dans le but de la noyer. Une seconde technique de chasse consiste à fouetter la proie à l’aide de la puissante queue afin de l’étourdir. Son métabolisme lent permet de longues périodes de jeun qui peuvent durer un an.

Le crocodile du Nil ne mâche pas sa nourriture, il arrache violemment de gros morceaux de chair qu’il avale tout rond. L’estomac du crocodile du Nil contient des gastrolithes (petits cailloux avalés). A l’heure actuelle le rôle de ces gastrolithes n’est pas encore compris et deux hypothèses s’opposent. La première stipule que ces cailloux sont avalés dans le but d’aider à digérer la nourriture tandis que la seconde énonce une utilisation comme l’est pour aider la plongée.

La période de reproduction à lieu pendant la saison des pluies entre novembre et avril. Pendant cette période les mâles se battent entre eux pour l’accès aux femelles. Suite à cela les mâles vainqueurs tentent d’attirer les femelles grâce à des mugissements, des souffles dans l’eau ou encore des mouvements de tête dans l’eau. 1 ou 2 mois après l’accouplement, la femelle pond entre 25 à 85 œufs qui sont enterrés dans la terre ou le sable. Les feuilles en décomposition permettent de créer de la chaleur indispensable au développement des embryons, puisqu’une chaleur d’au moins 28°Celsius est nécessaire. De plus la température d’incubation de chaque œuf détermine le sexe du petit. En effet, une température comprise entre 31,7°C et 34,5°C ne donnera que des mâles. En revanche, une température plus faible ou plus élevée ne donnera que des femelles. Les petits naissent après 90 jours d’incubation, ils pèsent alors 70 grammes pour 30 cm et sont généralement de couleur jaune même si certains individus sont de couleur vert foncé. Il existe des soins parentaux chez les crocodiles du Nil puisque même si la femelle ne semble pas protéger la ponte, les petits restent 2 ans avec la mère. En effet, à la naissance les glapissements des jeunes attirent l’attention de la mère qui les protègent alors de potentiels prédateurs tels que les oiseaux échassiers, les pythons, les hyènes ou encore les panthères. Cependant seuls 5% des petits survivront… La maturité sexuelle ne survient qu’entre 12 et 16 ans. La durée de vie est comprise entre 70 et 100 ans.

Le crocodile du Nil fait malheureusement partie des espèces menacées. C’est pourquoi de nombreuses pontes sont récupérées afin de les incuber en laboratoire à l’abri des prédateurs. La menace principale qui pèse sur eux est le braconnage pour leur peau qui est utilisée dans la maroquinerie de luxe…

Découvrez d’autres espèces du continent africain : rhinocéros, serpentaire, lycaon, lion, hippopotame, gorille, girafe, éléphant d’Afrique, guépard, caracal, suricate, zèbre, maki catta, serval, aigle royal, lion blanc, gélada, autruche, chat des sables, dik-dik, flamant rose, fennec, mangouste rayée, aigle des steppes, grue royale, potamochère roux, hyène tachetée, python royal.

Son museau en forme de triangle allongé peu pointu laisse entrevoir les dents de la mâchoire supérieure et de la mâchoire inférieure lorsque la gueule est fermée. C’est d’ailleurs un moyen de le différencier d’un alligator, chez qui seules les dents du haut ou du bas sont visibles.